Dans ma pratique quotidienne de médecin généraliste, j'ai pu constater de manière empirique que la maladie avait un sens, qu'elle était le reflet à un instant T de l'état de santé de la personne d'un point de vue physique et psychologique. Selon mon expérience, au moins 80 % des symptômes rapportés en consultation courante de médecine générale sont en lien avec l'état psychologique (composante psychosomatique), la majorité sont relativement bénins. Par conséquent, une absence thérapeutique en se limitant à des conseils adaptés, peut être largement suffisant pour répondre à un certain nombre de situations. L'utilisation de la médecine douce est aussi une alternative intéressante dans un certain nombre de problématiques, locales ou générales, en dehors des situations d'urgence médicale : aromathérapie, phytothérapie, homéopathie, acupuncture, mésothérapie, ostéopathie, cures thermales, gemmothérapie, compléments alimentaires, etc. Il est à noter que ces remèdes peuvent être d'origine chimique comme l'allopathie classique (ex vitamines de synthèse), mais aussi d'origine naturelle (vivante) et avoir une action plus globale (énergie).
Face à cette réalité, il existe pour les médecins deux attitudes fréquentes, en apparence opposées, mais qui procèdent selon moi du même travers :
1) Faire comme si cela n'existait pas : c'est le malade imaginaire, c'est dans votre Tête !
2) Exagérer l'importance de la plainte : la seule réponse possible à votre plainte c'est un médicament !
Il est vrai que la pression exercée par certains patients pousse vers la surconsommation de médicaments, c'est une tendance générale, il faut le reconnaitre. D'autre part, le médecin doit gérer chaque consultation dans un temps limité, il ne peut pas argumenter pendant des heures, prescrire est donc la solution de facilité quand on ignore la cause réelle de la plainte. Pour autant, cette attitude va dans le premier cas avoir tendance à figer le patient dans sa plainte (ce n'est pas dans sa tête le plus souvent), et dans le deuxième cas il existe une forte chance que le médicament ne fasse que déplacer le problème (puisque la cause principale du problème persiste). D'autre part, même si le problème actuel à l'origine de la plainte du patient est lié à l'état affectif, émotionnel, il n'en reste pas moins que celui ci a entrainé des déséquilibres en cascades dans la vie de la personne concernée. Cette plainte, cette douleur, a donc dans tous les cas de figure une signification, elle reflète un "état d'âme". Le soignant doit donc aider le patient à corriger les déséquilibres du terrain afin de retrouver un état de bien être initial, ou tout au moins s'en approcher.
Hippocrate : "Que votre aliment soit votre premier médicament "
Le médecin est le deuxième médicament du malade grâce à cette relation singulière de confiance. Combien de fois ai-je entendu cette phrase de la part de patients venus me consulter : vous m'avez rassuré docteur, je me sent déjà mieux ! Pendant la crise de la covid 19 c'était ainsi toute la journée : les gens m'appelaient en panique en raison d'un test PCR positif et/ou des informations alarmantes à la télévision, et repartaient en grande partie guéris (c'est la perception de leurs symptômes qui avait changé), rassurés. Reste, que pour avoir une telle attitude il faut surtout ne pas laisser passer celui qui a une cause organique sérieuse, une infection pulmonaire par exemple qui nécessite un traitement antibiotique rapidement. Par contre, prescrire un antibiotique inutile à un patient, c'est prendre le risque de détruire son microbiote en fragilisant ainsi son système immunitaire.
L'allopathie doit donc avant tout être réservée à ceux qui en ont vraiment besoin : c'est une arme redoutablement efficace contre certaines pathologies. Il est indispensable chez chaque patient de bien évaluer avec votre médecin le rapport bénéfices/risques : il ne faut jamais oublier que la iatrogénie est un problème majeur de santé publique. D'autre part, il me parait important de ne jamais perdre de vue les attentes formulées par le patient en matière de qualité de vie, de ses projets de vie, de conservation d'autonomie, et non forcément d'obtenir une guérison complète à n'importe quel prix !
Dans la société traditionnelle tout le monde savait cela, la maladie s'intégrait parfaitement dans le cadre social et familial dans lequel elle prenait sens et ou elle était parfaitement comprise. Chez les jeunes enfants c'est encore plus flagrant, combien de fois j'ai reçu des enfants en urgence pour des douleurs au ventre, un bref examen de ce ventre douloureux est souvent suffisant pour faire disparaitre la douleur : il avait besoin d'être vu et d'être rassuré ainsi que sa maman. La maladie essaye de nous dire quelque chose, et à défaut d'avoir un sens clair pour nous, le Mal dont nous souffrons remplit une fonction essentielle dans la condition humaine. Mais dans la société moderne cette connaissance s'est perdue, les familles sont éclatées, les individus sont déracinés, la transmission ne se fait plus, la plupart des rituels de passage ont complètement disparu…
La société moderne expose les êtres humains à de multiples pollutions, à un état de stress permanent, ce mode de vie est toxique, pro-inflammatoire et oxydatif : c'est la cause principale d'un vieillissement accéléré (radicaux libres). Le Burn out est par exemple le reflet de l'exposition chronique à ce stress au travail, il conduit à un épuisement général, physique, psychologique et moral. La maladie apparait à partir d'un certain seuil d'intoxication, quand les capacités d'autoguérison sont dépassées, en fonction de déterminants génétiques et personnels, du terrain individuel. La maladie apparait par conséquent après un premier échec des signaux d'alerte, elle contraint le malade à entamer un certain nombre de démarches vers le chemin de guérison dans toutes les dimensions de son être. Le but ultime est de retrouver l'état d'équilibre initial, un état de bien être, et pour y parvenir il est fondamental de considérer aussi bien le terrain que les causalités externes afin de comprendre les racines profondes du Mal.
Comments