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Photo du rédacteurDr Emmanuel PAUL

L'épigénétique

Le concept d'épigénétique vient une fois de plus remettre en question les modèles rigides et statiques de ce que l'on appelle les maladies génétiques. On devrait plutôt parler de facteurs génétiques comme des facteurs parmi de nombreux autres, et les facteurs culturels et environnementaux sont très souvent déterminants dans la génèse des maladies. C'est ce que l'on savait déjà par la simple observation, le bon sens, et cela est réjouissant car cela signifie qu'il n'y a pas la plupart du temps une fatalité à la perte de son état de bonne santé.


Il existe deux types de matériel génétique pouvant donner lieu à une régulation épigénétique :

1) L'ADN nucléaire situé dans le noyau des cellules sous la forme de 23 paires de chromosomes soit 46 chromosomes uniques constitués par héritage du père et de la mère. Cette recombinaison lors de la fécondation fait que chaque être humain possède un matériel génétique unique. Il existe environ 25 000 gènes dans les chromosomes, mais cela représente qu'une infime partie de leur composition, la majorité du matériel génétique n'est pas codant.

2) L'ADN mitochondrial qui est d'origine uniquement maternelle et qui n'est pas enroulé en double hélice dans des chromosomes mais tout simplement en forme d'anneau libre dans la matrice des mitochondries. Cet ADN est peu protégé mais chaque mitochondrie en possède plusieurs copies de sauvegarde (rappel : il existe des centaines de mitochondries par cellule). Le génome mitochondrial comprend seulement 37 gènes et son rôle est fondamental pour la réalisation de la phosphorylation oxydative.


Une remarque, il existe une véritable coopération entre l'ADN nucléaire et l'ADN mitochondrial, un dysfonctionnement des mitochondries peut venir de l'un comme de l'autre, voire des deux. Il est crucial à ce stade de comprendre l'importance de ces organites dans le maintien de la vie sur Terre : il n'existe pas de vie sans énergie, et quand la source d'énergie se tarie alors la vie perd du terrain et le corps dégénère peu à peu. L'épigénétique nous apprends toutefois que cette dégénérescence peut être stoppée, ralentie tout au moins, et qu'il est tout à fait possible d'augmenter son potentiel, c'est donc particulièrement encourageant.


On peut se représenter le concept de deux manières :

1) Une vaste bibliothèque remplie de livres traitant de tous les sujets possibles : on peut choisir un livre ou un autre suivant les thématiques, en mettre un au placard ou au contraire dépoussiérer un vieux livre dont on ne se servait jamais.

2) Un interrupteur génétique :

  • en position "On" : on décide de conserver son état de bonne santé en utilisant au maximum son potentiel génétique par une vie saine et un mode de vie le plus naturel possible. La personne a l'habitude d'adapter son comportement aux signaux émis par son corps, elle prend soin de sa nourriture, de son sommeil, de l'exercice physique, de son poids, d'éviter les abus, etc.

  • en position "Off" : on décide de se laisser aller sans tenir compte des signaux d'alerte, les médicaments sont la pour ça après tout, pourquoi se prendre la tète ! La personne ne tient aucun compte de ses besoins réels, et elle se livre à des abus réguliers qui progressivement vont oxyder son organisme et le surcharger de nombreux déchets.


Avec le temps, la production de radicaux libres en excédent va provoquer des dommages cellulaires importants, des mutations de l'ADN avec notamment la surexpression de certains gènes et au contraire la neutralisation d'autres. A l'inverse, celui qui adopte un mode de vie sain, va pouvoir exploiter au mieux son potentiel de vie : cicatrisation, réparation cellulaire, élimination des cellules malades avec recyclage des déchets, activation des mitochondries, métabolisme adapté avec une certaine homéostasie tissulaire et une biométrie stable.


Ce qu'il faut comprendre, c'est que les modifications épigénétiques sont la plupart du temps réversibles mais aussi transmissibles. Le patrimoine génétique peut donc s'améliorer de génération en génération, ou au contraire régresser au fur et à mesure du temps. On a pu le voir par exemple avec la croissance des européens en particulier dans les pays du sud : chaque génération était plus grande que la précédente en particulier chez les garçons. Chez les filles des facteurs hormonaux ont probablement réduit ce processus, et parfois comme j'ai pu le constater hélas, l'inverser. L'épigénétique est donc un phénomène souple adaptatif qui permet de progresser dans un sens ou dans un autre en fonction du mode de vie.


Une fois de plus, nous ne pouvons que constater que tout est interdépendant, que notre manière de percevoir le monde a un impact direct sur notre physiologie, notre métabolisme bioénergétique, notre espérance de vie en bonne santé. Cette interdépendance se comprend autant au niveau individuel par les choix que nous faisons tout au long de notre vie, comme l'ont fait nos parents avant nous, mais aussi dans le cadre d'une société dans les choix collectifs qui sont faits. Si nous ne pouvons pas faire grand chose sur certains choix qui ne dépendent pas de notre seule volonté, nous pouvons cependant agir au quotidien afin d'adopter un mode de vie le plus sain possible. L'épigénétique nous permet de renouer avec le bon sens et de sortir de la fatalité de la maladie, il est temps de fermer certains livres nuisibles, en tout cas certaines pages, pour ouvrir de nouveaux chapitres qui nous guiderons vers plus de satisfactions. Il n'est jamais trop tard pour cela, de nombreuses études scientifiques ont confirmé que les bénéfices attendus de l'épigénétique, quel que soit l'âge, étaient au rendez-vous.


Ce que démontre l'épigénétique en réalité, c'est que le genre humain a un véritable potentiel de vie insoupçonné, capable de grandes prouesses, de performances incroyables, de repousser les limites aussi loin que possible. Ce haut potentiel est autant physique, psychique que spirituel, et je suis persuadé que nous n'en utilisons qu'une infime partie. Mais ce que la science nous démontre sans l'ombre d'un doute, c'est que nous pouvons faire marche arrière, que rien n'est inéluctable, il n'appartient qu'à nous de mettre en action les décisions individuelles et collectives qui impacteront positivement notre génération et les générations futures, tout est à notre portée dès maintenant.






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