La médecine enseigne qu'il existerait deux types de troubles de la santé :
Des troubles organiques (somatiques) touchant le corps et pouvant êtres observables, mesurables, par différents types d'examens complémentaires : imagerie, biologie, anatomopathologie, ECG, EEG, EMG, etc. Dans ce premier cas, on explique au patient que son problème vient de ce tissu, cet organe, cette fonction, et on lui propose un protocole thérapeutique en rapport, médicamenteux et/ou chirurgical avec possibilité de traitements adjuvants (kinésithérapie par exemple).
Des troubles psychologiques (la psyché) ne pouvant pas êtres observables de manière objective de l'extérieur, ni rattachés à une lésion organique précise. Dans ce cas on parle de troubles fonctionnels en lien (supposé) avec des troubles d'ordre psychologiques. Dans le deuxième cas, on explique au patient qu'il n'existe aucune maladie expliquant ses symptômes, on lui propose une prise en charge palliative comme des antidouleurs et/ou un suivi psychiatrique (ou psychologique).
Selon moi, cette conception dualiste de la maladie ne correspond pas du tout à la réalité observable sur le terrain. Tout est psychosomatique, qu'il s'agisse d'un trouble à l'apparence uniquement organique mais qui a des implications psychologiques majeures, ou bien d'un trouble à l'apparence uniquement fonctionnel mais qui correspond à des dysfonctionnements corporels évidents. La question posée étant celle de la cause et de la conséquence, mais peu importe, ces deux aspects existent toujours.
Cette approche psychosomatique relève aussi du bon sens, nous ne sommes pas constitués uniquement d'un assemblage d'organes et de tissus séparés. Tout est relié dans notre corps, ne serait ce que par les multiples terminaisons nerveuses, les neurotransmetteurs, les hormones, les flux sanguins et lymphatiques, le système immunitaire, les émonctoires.
Nous sommes des êtres profondément blessés, depuis notre enfance et tout au long de notre vie d'adulte, et cela laisse un certain nombre de cicatrices. Ces cicatrices sont visibles quand il s'agit d'un traumatisme physique (en partie), mais elles ne sont pas visibles quand il s'agit d'un choc affectif, d'un traumatisme psychologique. Chacune de ces cicatrices sont indélébiles, elles représentent des informations sur notre vécu, notre histoire personnelle et familiale. Les pires traumatismes étant ceux qui demeurent inconscients, occultés, les secrets de famille, car ils n'ont pas trouvé le chemin du langage verbal et c'est souvent le corps qui va exprimer non verbalement cette souffrance muette.
L'être humain est un tout indivisible, il n'existe rien de séparé dans notre corps, les énergies circulent, les flux et reflux passent, les multiples cellules s'adaptent et nos atomes vibrent.
J'attire votre attention sur le fait que je ne parle pas dans ce chapitre de l'âme humaine. Premièrement parce que ce n'est pas de mon ressort en tant que médecin. Deuxièmement parce que celle ci est de nature spirituelle, il s'agit donc d'un autre plan de l'existence que les grecs (Platon, Aristote), et l'immense majorité des civilisations antérieures connaissaient.
Cette approche psychosomatique a des conséquences majeures sur la prise en charge du patient et dans la relation soignant - soigné :
Les qualités humaines du soignant sont importantes dans le soin : empathie, bienveillance, qualité de l'écoute, pédagogie, spontanéité.
Le patient n'est pas un simple objet passif de soin, il collabore au processus de guérison de manière active et positive.
Le patient n'est pas identifié à sa maladie (je suis cancéreux, je suis cardiaque, je suis déprimé), mais il reste une personne qui a des troubles plus ou moins temporairement (j'ai un diabète, j'ai des angoisses).
Les soins sont personnalisés à partir du réel de la personne, et non protocolisés à partir d'une conception uniquement globale et théorique (en partie) pour tout le monde.
Le retour vers une forme d'autonomie de la santé, plus ou moins partielle, découle de cette relation bidirectionnelle, de ce partenariat thérapeutique.
La pleine conscience de notre véritable nature humaine change considérablement notre approche de la santé, non plus perçu comme un état définitif, figé dans le temps, rigide, mais plutôt comme une étape à un moment donné de notre chemin de vie. Ce processus dynamique change de manière radicale notre conception de la maladie, ce passage obligé au lieu de nous détruire devient une formidable opportunité de remise en cause et d'évolution, d'éveil.
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